QUAND L'ABATTOIR VIENT À LA FERME !

Actualité - 19/04/2019

QUAND L'ABATTOIR VIENT À LA FERME !

C'est un collectif d'éleveuses et d'éleveurs de Vendée et de Loire-Atlantique, qui depuis deux ans travaillent sur ce projet innovant avec le GAB44. À ce titre, confortés par la réglementation Européenne sur les conditions d'abattage concernant les exigences en matière d'hygiène dans les abattoirs, ils ont obtenu le feu vert de la DGAL (direction générale de l'alimentation) et des DSV des deux départements intéressés.


Sainte-Pazanne et Plessé ont accueilli les 2 et 4 avril 2019 le collectif, afin d'en informer les éleveuses et éleveurs.
Plus de 100 éleveuses et éleveurs ont répondu présent.e.s.
Objectif: démarrer l'activité en Août 2020 !

Éleveuses, éleveurs, tous concernés
Ce projet complémentaire du dispositif actuel sera destiné aux circuits courts ainsi qu'aux animaux dits "d'accidents". Notre seul département comptabilise près de 2000 animaux euthanasiés par an. Le transport d'animaux accidentés n'est plus autorisé, l’abattage a la ferme permettra d'en valoriser une partie. Tout éleveur bovin est donc concerné. Ce dispositif sera d'abord adapté aux bovins et devrait être élargi pour les petits animaux, caprins, ovins, porcins. Vous pouvez rejoindre les groupes de travail afin d'appuyer et accélérer la mise en œuvre du projet (abattages petits animaux). Les attentes des éleveurs sont fortes car les difficultés logistiques sont réelles.

L'élevage indispensable au territoire
L'occupation et la valorisation des espaces naturels, par l'élevage, sont reconnues par nos politiques publiques. Mais l'élevage impacte concrètement nos paysages, par la préservation de nos bocages et les pratiques culturales qui y sont liées. La priorité est donc le maintien de l'élevage sur l'ensemble du territoire. L'abattage à la ferme y répond. Relocaliser l'abattage participe à structurer et dynamiser les pratiques des producteurs en circuit court, sur le plan matériel et organisationnel. Le maintien des éleveurs et l'installation des jeunes éleveurs seront facilités.

Respecter la condition animale : réponse aux attentes sociétales
Nous sommes tous traversés par ces questions de bien-être animal, de conditions d'abattages,etc... Sur nos élevages la relation homme-animale est présente. L’accompagnement de nos animaux jusqu’à la mort devient une évidence, tout stress lié aux transports est exclu, la ferme et son environnement restera le seul lieu de vie de nos animaux. La labellisation du dispositif est envisagé. C'est un élément de communication important auprès du grand public. C'est aussi pour les producteurs en circuit court un élément de cohérence supplémentaire. De fait, l'éleveur apporte de la proximité et de la transparence à un process qui en est largement pourvu. À l'inverse, et ce n'est pas de la responsabilité des éleveurs, les outils d'abattage se raréfient. À force de restructuration permanente, l’abattage industriel devient la norme, l'opacité la règle. À ce jeu, les éleveurs n'ont prises sur rien, la communication est gérée par la filière. Les consommateurs, ainsi que les groupuscules véganes étant de mieux en mieux informés, il sera difficile de maintenir la consommation de viande au niveau actuel.

Pour un réseau d'abattage de proximité
Ce dispositif s'applique depuis 10 ans en Allemagne. Le collectif s'y est rendu pour comprendre le fonctionnement de ce réseau d'abattage de proximité et de s' en inspirer.
Pour l'instant, deux unités de mise en carcasse sont prévues : l'une au nord, l'autre au sud de la Loire. A ces unités sont liés des caissons mobiles identifiés, ils sont le prolongement de l'abattoir jusqu'à la ferme. Après étourdissement et saignés de l'animal, ce dernier est déposé dans le caisson et transporté dans l'unité de mise en carcasse. Le rayon de transport est d'environ une heure. Toutes ces opérations répondent à un plan de maîtrise sanitaire. Le vétérinaire référent procède à la visite de l'animal, et les agents qualifiés assurent le bon déroulement des différentes étapes et ce, dans le respect de l'animal...La souplesse du dispositif est intéressante, à raison de 1500t par unité, ce qui constitue le plafond, on compte 8 personnes, 4 a l'unité et 4 aux caissons - transport, il faut adapter le personnel à l'activité programmée. Les carcasses seront présentées en demi-carcasse ou quartier. Celles-ci seront acheminées dans les différents ateliers de découpe ou boucherie présentes sur le territoire.

Un projet porté par les éleveurs
Le comité de pilotage est en place et la présentation du projet faite aux éleveurs a reçu un bon accueil. Les participants aux réunions d'informations de Sainte-Pazanne et de Plessé ont largement exprimé le souhait de porter le projet jusqu'à sa réalisation et d'en assurer le bon fonctionnement...L'estimation économique est en cours, l'enquête à laquelle à répondu plus de 160 éleveurs permet d'ores et déjà de connaître les volumes et calibrer les outils. A 90 % les éleveurs ont signifié l'intérêt de l'outil pour l'abattage d'urgence et prés de 70% pour les animaux "rcf". Le questionnaire est toujours en ligne, pour les éleveurs qui n'y aurait pas répondu.
Tout semble donc être en place pour apporter à l'ensemble des éleveuses et éleveurs de notre département et au delà, des solutions pérennes à nos métiers d' éleveur....Soyons actif et positif face aux nombreuses interrogations qui nous sont posées...Je crois que toute autre attitude ne ferait qu'élargir le fossé entre la profession et nos concitoyens...
Les réseaux de vente paysan, vente à la ferme, marché, amap... sont autant de lieu d'échanges qu'il nous faut cultiver...

Frédéric Loquais, Ferme de la Petite Peltanche, Port-Saint-Père